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3 questions à Paul Hermelin

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3 questions à Paul Hermelin

29/11/2021 par Preligens

Paul Hermelin, PDG de Cap Gemini répond à nos 3 questions suite à la sortie de son livre: La science en procès

Dans votre livre « La science en procès » aux éditions de l’Observatoire, vous faites un plaidoyer pour les sciences. Pourquoi ?

Nous vivons un temps de remises en cause générales de tout ce qui se présente comme « les élites ». Face à un monde vécu comme dérèglé et de plus en plus inégalitaire, nombreux sont ceux qui recherchent une cause unique et cachée qui expliquerait en quelque sorte ce qui leur semble ne pas aller. D’où la poussée du complotisme. Et cela conduit à remettre en cause les principes mêmes de la démarche expérimentale. Au nom du débat on a pu entendre presque à parts égales les médecins « rassuristes » qui nous disaient que la Covid n’était en quelque sorte qu’une méchante grippe et la médecine qu’on va appeler officielle mais qui regroupait 95% des spécialistes.

La société technologique n’est pas sans responsabilités dans les atteintes portées à l’environnement ou dans des mutations industrielles qui pèsent lourd sur la vie des gens ; la défiance vis-à-vis du nucléaire se nourrit de quelques faits et de beaucoup de perceptions et d’autres sujets de craintes ont pris le relais – OGM qui ont pourtant une potentiel nutritif pour des populations carencées notamment… - . Mais je crois que ces craintes doivent nous obliger à demander encore plus à la science et non pas à verser dans des incantations à caractère magique.

Les défis aujourd’hui me poussent à parier encore davantage sur la science et la technologie même si elles ont permis le développement qui n’est pas sans rapport avec la crise environnementale. Il nous faut donc chercher les moyens de maîtriser mieux ces outils incomparables d’émancipation que sont la science et la technologie. En matière d’éducation, d’information, de régulation.

L’intelligence artificielle revient souvent dans votre texte alors qu’il traite de nombreux autres sujets. Est-elle selon vous, la colonne vertébrale des innovations de demain ?

Ce qui me parait central, c’est de mieux comprendre le monde et pour cela rassembler toutes les données dont nous disposons. Et, avec une meilleure compréhension de ces données, mieux les exploiter pour mieux appréhender ce qui se passe. C’est cela le pouvoir de l’intelligence artificielle et, à ce titre, c’est en effet un des leviers essentiels pour agir. En même temps, les mots intelligence combiné avec artificielle suscitent des craintes. La vieille crainte de voir les produits de l’intelligence des hommes leur échapper. Le mythe du Golem revient ainsi en force. Il faut donc expliquer et expliquer encore le pouvoir de ces réseaux qu’on appelle neuronaux, et en montrer les applications concrètes : grâce à l’IA, on lutte aussi contre le cancer et on adapte au mieux le traitement des malades !

Mais il ne faut pas sous-estimer d’autres champs infiniment prometteurs de recherche. La biologie sans doute en premier avec les ressources de l’ingénierie moléculaire - et je pense à ces nouveaux vaccins – et l’exploitation du génome dans les thérapeutiques. Et il y en a tant d’autres.

Vous expliquez que « l'innovation et l'amour de la science sont les piliers d'une société démocratique et ouverte ».

Comment faire pour que les décideurs politiques  soient davantage sensibilisés aux sciences et agissent pour favoriser l'adoption et la connaissance des technologies, l'IA en première ligne ?

Il faut résister à la tentation naïve d’imaginer mettre en place une sorte de permis de diriger, agrémentée d’une vérification préalable des connaissances notamment scientifiques et techniques des candidats dirigeants. Je crois qu’il faut avant tout investir beaucoup plus dans l’éducation de sorte que la compréhension des enjeux du monde moderne soit le bagage premier des jeunes citoyens quand ils sortent de l’enseignement obligatoire. Non pas en leur assénant une doctrine ou une religion, mais en cultivant chez eux la capacité à s’interroger et ensuite à chercher des réponses, et par tous les moyens, écrits, audiovisuels et réseaux sociaux. Face à des citoyens plus exigeants, les politiques n’auront guère le choix : eux aussi devront s’informer, comprendre et construire leurs promesses sur le monde tel qu’il est. Et face à un problème ou une crise, il faut comme dans toute démarche scientifique commencer par essayer de comprendre sa nature, imaginer des solutions, les tester et enfin déployer la meilleure qu’on a pu trouver. Sans oublier de veiller aux conséquences possibles – et parfois négatives – de ces actions pour ensuite les corriger. On est là au cœur même de la démarche expérimentale qui a nourri notre aventure scientifique depuis trois siècles.

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